Le Jardin des délices
J'ai commencé à écrire les premiers textes de ce podcast, si je puis l'appeler ainsi, en réaction à une stimulation artistique puissante. De celle qui vous domine.
Vous submerge.
L'exaltation devient incontrôlable.
L'action, irrépressible. Et pourtant, j'ai attendu plus de six mois avant de franchir le pas de l'enregistrement et de la mise en ligne, par peur...
Je dis beaucoup que je fonctionne à l'adrénaline (sûrement plus encore à la dopamine), mais ma principale source de mise en mouvement littéraire, aujourd'hui, c'est l'émulation artistique. J'avance vraiment sous le coup d'une impulsion extérieure, quand quelque chose stimule mon imaginaire, mes sens, mes passions. Alors, régulièrement, je m'interroge sur la création, surtout quand je sens que la vague créative commence à s'étioler et s'étouffer.
Qu'est-ce qui fait qu'un jour j'ose et qu'un autre je me terre au fond d'un trou insondable dans ma forêt profonde et mystique de Brocéliande ?
Qu'est-ce qui fait qu'un jour je m'extirpe des griffes de l'apathie pour écrire et créer et qu'un autre je m'enlise dans la mélancolie, l'épuisement et la souffrance ?
Tant de questions...
Au départ, je n'avais qu'une envie : envoyer ces premiers mots uniquement et prudemment à leur destinataire, en dépassant ma peur du rejet, du jugement, en espérant secrètement un retour positif, comme si j'avais besoin d'être validée pour continuer d'avancer. Je suis sûre que vous voyez très bien de quoi je veux parler.
Et, peu à peu, le concept s'est étoffé ainsi que les textes. Ils sont devenus quelque chose de beaucoup plus forts que de simples maux à transmettre à une seule personne. Alors, je les ai fait lire à d'autres. Je les ai lus. Enregistrés, d'abord seule, au cas où... en me disant que, peut-être, un jour, j'oserais les montrer... me montrer. Les faire écouter... me dévoiler. Timidement et sortir de ma zone de confort...
Au-delà de leur sens personnels et intimes, j'ai trouvé dans ces textes, nous y avons tous trouvé, des problématiques communes à beaucoup d'artistes, quel que soit le medium utilisé.
La peur de se mettre à nu, de se donner au monde, sans filtre.
La peur d'être jugé, rejeté, abandonné.
La peur de ne pas être à la hauteur de ses propres attentes.
La peur de toujours répéter les mêmes créations, en clone de soi-même...
La peur que la Muse, cette inspiration passionnelle, ne soit pas toujours au rendez-vous.
La peur qu'un jour le merveilleux puits à idées farfelues se tarisse.
La peur qu'un jour notre univers imaginaire s'effondre... autant que le réel...
Alors, à la lune nouvelle, chère à mon âme, je vous offre de ma plume et de ma voix ces quelques textes pulsionnels.
Ils m'ont aidée et m'aident encore à déconstruire mes schémas de pensées automatiques qui me plongent régulièrement dans une spirale descendante. Ils sont mes bouées de sauvetage, mon phare en pleine tempête, mon étoile du Nord...
Puissent-ils vous guider vers des chemins créatifs plus sereins.
Vous n'êtes pas seul.e.s.
Brocéliande, 13 Juillet 2022