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De mes lettres, rien
Rien
Il ne reste rien.
Avant, ici, il y avait une feuille de papier dont la blancheur immaculée annonçait un océan de possibles. Un horizon infini de souhaits tapissait les fibres recyclées d'un bois FSC.
Des flammes affamées ont léché les lettres violettes, grignoté les lignes ornées de spirales et les escarbilles scintillantes de mon verbe exalté ont virevolté au gré vent vernal.
Étoiles éphémères, remembrances d'impermanence.
De mes lettres enflammées, il ne reste que fumée.
Avant, ici, il y avait une feuille de papier dont la blancheur immaculée annonçait un océan de possibles.
Rien.
Il ne reste rien.
Avant, ici, s'affichaient des mots doux, bienveillants, dont la puissance transcendait la souffrance, illuminait l'obscurité. Ils réchauffaient le cœur éperdu et enflammaient la plume créative d'une éblouissante lumière. Placée sur un piédestal, elle se sentait admirée. Dans le dos, des ailes ont surgi et, portée haut par le souffle divin de la poésie, elle se sentit capable de conquérir les mondes, de parcourir toutes leurs strates. Matérielles. Immatérielles.
Marche-rêve sans substance qui erre à travers les voiles d'univers mystérieux.
Puis, sans raison, les mots ont cessé d'arriver et l'incompréhension s'est installée jusqu'à entièrement envahir la psyché. Plusieurs fois, l'esprit s'est violemment effondré et, dans les ténèbres, les milliers de pièces du vase désormais brisé ne dénichent plus le fil d'or pour le ressouder.
L'élan créatif s'est alors peu à peu essoufflé. Pétrifié par un silence indéterminé, il s'est étiolé. La source de joie s'est tarie et l'émerveillement s'est enfoui.
Avant, ici, s'affichaient des mots doux, bienveillants, dont la puissance transcendait la souffrance et illuminait l'obscurité.
Rien.
Il ne reste rien.
Avant, ici, il y avait des promesses censées être sincères d'un lien indicible, indéfectible, respectueux, précieux, sacré, comme si nos âme s'étaient juré d'à jamais se protéger. Un refuge. Isolé de la violence extérieure. Un sanctuaire. Un cocon doux et cotonneux, soyeux dans lequel se lover pour l'éternité, en toute sérénité.
Mais une autre est arrivée et en quelques mots, elle a tout ravagé sans une once d'humanité. Insultes, menaces, humiliations... Le choix de la destruction.
Du lien autrefois protégé, il ne reste que le bonheur officiellement affiché d'un couple qui s'est sauvé, les miasmes d'une secrète jalousie déplacée et un dommage collatéral à l'amour enchaîné aux mots du passé.
Avant, ici, il y avait des promesses censées être sincères d'un lien indicible, indéfectible, respectueux, précieux, sacré, comme si nos âme s'étaient juré d'à jamais se protéger.
Et il ne reste rien...
Tout.
Ici, il y a tout, tous les restes de mes riens et de leurs miettes à recoller avec la délicate soie de la néphile au doux fil doré qui s'est encore échappée.
Dans le foyer nouvellement fondé, mes lettres mélancoliques ont fécondé l'âtre de la cheminé. Les flammes ont joué une danse romantique pour l'être aimé et les peaux érotisées se sont réchauffées.
Des bris embrasés de mon cœur fissuré ne reste que les cendres du brasier de mon être ravagé qui se mêlent à la fumée et assombrissent mes cieux en voilant l'étoile qui guidait mes pas. Nuit noire de l'âme à l'obscurité bien opaque et délétère contre nouvelles espérances d'une vie durable et prospère.
Ici, il y a tout, tous les restes de mes riens et de leurs miettes à recoller avec la délicate soie de la néphile au doux fil doré qui s'est encore échappée...
22 novembre 2025
