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Le Jardin des délices - Podcast créatif

Pour célébrer le premier anniversaire du Jardin des Délices, en cette date si spéciale pour moi, je vous laisse découvrir un épisode hors série qui vous parle d'impermanence, de résilience, de trouver la lumière dans vos ténèbres et d'expérimenter la vie, tout en douceur.

En cendres, en vie

La saveur d'impermanence, parfois si amère sur ma langue,
S'adoucit lorsque mon corps ou mon cœur crève.
En lutte avec moi-même pour apaiser mon âme écorchée,
Je tente de lui offrir un écrin équanime.

Des étincelles, un instant fugace.
Des escarbilles nagent au milieu des astres nocturnes...
À travers les branches de ton jardin,
Je les suis du regard.

Le présent se suspend à une seconde d'éternité.
Dans le bonheur, dans le malheur.
Le temps s'étire, se distend.

Les torches éclairent l'Aurore.
Les flammes s'entremêlent et se démêlent,
Lèchent les nues ravagées,
Embrasent mes cieux tourmentés.
Et mes mains tremblent encore d'avoir plongé dans les restes de ton corps mort...
Incrustés sous mes ongles, des morceaux de toi calcinés.

Des amas informes, un alliage étrange.
Métaux bruts et vestiges de toi mêlés.
Ils parsèment les ruines de ta vie,
Jouent avec mes doigts.

Ta matière au goût de feu, évanescente.
Aspirée par l'Air jusqu'à nos ancêtres.
Retour à la Terre. À l'eau.
La fumée recouvrent les cendres de nos âmes qui virevoltent.
Je m'étais éloignée de moi ; et toi, tu t'es laissé dévorer.

Une gouttelette d'eau ruisselle le long de la Lune.
Hésitante, elle s'accroche à sa pointe,
Caresse les feuilles d'un figuier,
Puis rejoint la rivière sinueuse au creux des roches sulfureuses.
Elle t'engouffre sous l'arche.
Asile funèbre.

En souffrance, j'expérimente la merveille.
Et même en joie, je scrute mes cicatrices.
Personne ne les voit, mais elles parsèment mon aura, cisèlent mon être.
C'est comme offrir à la part d'ombre sa dose de lumière
Et rendre à la lumière son morceau d'ombre.
Une dualité à unifier pour se dépasser.
S'apaiser.

L'émerveillement a un goût d'intemporalité.
Il surprend le présent,
Ralentit nos vies,
En voyages immobiles.

J'enracine mon être,
Me mêle encore aux radicelles, au mycélium, pour farfouiller la Terre.
M'ancrer.
Laisser la puissance tellurique de la Mère m'inonder et grignoter mon échine.
M'encrer.
Laisser les symboles danser sur ma peau. Libres.

Réminiscences de tes mantras oubliés...

« Le temps n'existe pas. »
Choisir de se saisir du moment, l'incorporer, l'assimiler.
Ne faire qu'un avec le temps.

« Il n'y a pas de hasard. »
Choisir l'art pour se transcender, pour témoigner,
Pour... sublimer ses meurtrissures.
Exorciser ses peurs.
S'ouvrir à la résilience, à la compassion.
Réunifier sa vie.
Et... cicatriser ses blessures.

Exprimer aussi la légèreté.
Créer !
Être !
Déguster l'aube impalpable.
Le matin pure. Contempler...
Goûter l'instant fugace.
Le savourer et lâcher-prise...
S'émerveiller.
Faire de chaque moment un instant de grâce.
S'émerveiller...

Expérimenter. Observer. Souffrir.
Transpirer la joie.
Résister. Se révolter. Agir.
Transmuter l'horreur.
Inspirer. Insuffler. Rencontrer.
Se laisser surprendre par l'inconnu, par un geste doux.
Respirer. Offrir. S'offrir.
Tendre la main et distiller l'amour.
Éprouver. Aimer.Témoigner.
Se laisser percuter par la vie. Choisir de ressentir.
Échanger. Partager. Vivre.
Explorer les chemins de la douleur pour la transcender.
Dompter la fatigue, la maladie et laisser les corps anesthésiés s'exprimer.
Duper la Mort, lui voler une seconde d'éternité exaltée.
Duper la Mort...

Avril - mai 2023, Brocéliande, à Jean-Édouard Chevin et Kévin/Intenable.

Toute ma douce gratitude au groupe Intenable pour leur travail sur leur album Envier les Vivants et en particulier à Kévin pour les paroles des morceaux « Ensemble, en cendres » et « Mer Morte » dont ces mots/maux, en réponse, se sont librement nourris. Merci de ton soutien lors de la création de ce texte.