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Le Jardin des délices - Podcast créatif

L'impermanence de l'amour

Un jour on s'est aimé.e.s.
Un jour on se quitte.

Un jour, on s'est aimé.e.s...

Un jour, on se quitte...

Que s'est-il passé entre les deux qui nous a aveuglé ?
Quel vide n'a-t-on pas visité pour qu'il nous surprenne au point de nous submerger ?
Quelle partie du nous avons-nous abandonné sur le quai d'une gare désaffectée ?

Les rencontres qui bouleversent et prennent toute la place.
La vie qui agite, secoue, agace.
Le quotidien qui nous grignote et la fatigue qui nous lasse.
L'impermanence de toute chose envahit l'espace.

Et cette envie d'explorer, de découvrir d'autres chemins nous chatouille jusqu'à se faire plus prégnante, plus intense.
La réprimer nous dévorerait. Jusqu'à l'implosion.

Un jour on s'est aimé.e.s.

Un jour on a vu la merveille éthérée aux mêmes endroits, dans les mêmes parcelles enchantées.
Un jour, on a vu l'étincelle de la magie du Vivant qui scintille et éblouit nos âmes.
Un jour on a combattu les mêmes ennemi.e.s avec les mêmes armes.
Un jour on a vu ensemble des aurores boréales qui teintaient notre peau d'émeraude, alors qu'elles n'existaient pas vraiment dans notre ciel.
Un jour, nous avons partagé nos souffrances jusqu'à cicatriser de vieilles blessures.
Un jour, nous avons partagé la joie et l'exaltation et nos corps ont joui l'un de l'autre jusqu'à s'essouffler...

Et, un jour, nos regards se sont portés sur d'autres directions.

Le féerique "il était une fois" s'est brisé et a fendillé nos cœurs.
La gorge se serre, emplie de tous ses souvenirs qui inondent l'âme.

Un jour on s'est aimé.e.s.
Un jour on se quitte.

L'horizon commun est devenu flou, insaisissable. Clignons des yeux : ils se réajuste un instant fugace, puis il disparaît.
Tabula Rasa.
Tout disparaît.

D'abord on lutte, on se bat pour garder l'étincelle, parce qu'on n'est pas de celleux qui se séparent à la première dispute, à la moindre déception, au moindre caillou dans l'engrenage.
Alors on entre en guerre contre nous-même pour asseoir cette envie de conformité. Nous cloîtrer Nous assiéger. Nous séquestrer...

Ne pas se déchirer...

Un jour on s'est aimé.e.s.
Un jour on se quitte.

Et puis, on se rend compte que rester ensemble, c'est empêcher l'autre et s'empêcher soi-même d'expérimenter la vie.
Rester ensemble, c'est s'approprier l'autre de force, c'est étouffer son cœur. Et le nôtre...
Rester ensemble, c'est imposer un espoir, un désir égotique sur le voile étiolé de la douce nostalgie d'un temps déjà essoufflé.

L'amour s'enlise en lui-même lorsqu'il n'est plus nourrit.
Et la peur nous lie. La peur nous détruit.

Alors un jour on s'est aimé.e.s.
Mais un jour on se quitte.
Et ce n'est pas toujours parce que l'amour s'est complètement éteinte. Parfois, il a simplement muté. Il est différent. Expression polymorphe des émotions de l'humanité.

Alors on s'accorde dans la séparation, le respect que nous avions l'un pour l'autre, dans notre vie commune. On se relie à la Terre-Mère pour qu'elle ancre en nous cette bienveillance que nous avions l'un pour l'autre, à nos débuts. Créer un nouveau partenariat où tout est à construire.

Parce qu'aimer, c'est aussi libérer l'autre des entraves auxquelles on l'a inconsciemment (ou sciemment) attaché pour qu'iel puisse prendre son envol et accueillir en ellui toutes les potentialités de l'univers avec plus de légèreté.

Parce qu'aimer, c'est renoncer à l'égoïsme de la possessivité et offrir à l'autre la chance de s'épanouir ailleurs, sur un autre sentier tortueux. Un chemin qui lui appartient.

Parce qu'aimer, c'est aussi savoir dire à l'autre “adieu, merci”.

Un jour on s'est aimé.e.s.
Un jour on se quitte.
C'est un cycle.
C'est l'impermanence de la vie.

Le 24 janvier – 10 février 2024,
À toustes celleux qui se sont séparé, se séparent et se sépareront...