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Le Labyrinthe de la Psyché
Ne vous arrive-t-il jamais, Monsieur, de vous perdre entre les mots, comme s'ils étaient eux-mêmes les murs d'un labyrinthe interminable dans lequel vous vous seriez égaré ? Sans araignée pour vous guider... bien évidemment.
Je regarde l'horizon.
Mon cou craque.
Aucune sortie.
Les parois se reflètent entre elles, les murs invisibles s'illusionnent, les chemins deviennent indistincts.
Tous se lient intimement jusqu'à se rendre f(l)ous. Inaccessibles.
Ils se superposent, s'entrecroisent, se mêlent, s'emmêlent, se pénètrent, s'affrontent et s'annulent.
Palais des glaces immatériel.
Mise en abîmes de l'être, de l'âme, du spleen.
Plus aucun voie (voix ?) ne se distingue l'un de l'autre.
Moi, j'erre, noyée dans les circonvolutions de mon âme tortueuse.
Je percute de plein fouet l'impasse inébranlable.
Ne me suis-je pas déjà aventurée sur cette voie-là ? Tout se ressemble tellement.
Tout m'exaspère.
J'étouffe.
La pression devient plus forte.
Mon cerveau gronde.
Le son se répercute sur les cloisons, résonne en moi et m'assourdit. Je plaque les mains contre mes oreilles.
Dissociation du corps et de l'esprit.
Saturation sensorielle
Une voix narquoise m'interpelle alors
- Prends de la hauteur !
Ma gorge se serre.
J'entends le grincement du trapèze.
Je lève les yeux.
Un éclat m'aveugle.
Je pare la lueur de mes doigts timides.
Le cherche.
Il a déjà disparu.
- Lui, il suit son chemin. Toi, quand embrasseras-tu ta voie ?
Mes pupilles se rétrécissent, il a déjà retrouvé mon regard.
Il joue avec lui, s'amuse de ma candeur.
Miroitement d'une lumière divine illuminant la tranche d'une pelle. Un frisson me parcourt l'échine.
Il est là ! Je suis son visage et le funambule me nargue. Son insouciance me pétrifie d'effroi.
Pourtant il est moi, je suis lui... on devrait se comprendre.
J'hésite.
Gauche. Droite. Mon reflet m'effraie. Que vais-je découvrir derrière ces murs si je finis par trouver la sortie ?
Si j'ose ?
Mars - avril 2023